jeudi 26 novembre 2009

En effeuillant Baudelaire – Ken Bruen


La première phrase : "T'as la bouche en cul de poule."

Mike Shaw est un trentenaire, british jusqu’au bout des ongles et comptable de son état, métier qu’il n’a pas choisi puisqu’il l’exerce en hommage à son père qui exerçait également ce métier mais devenu SDF à la gare de Waterloo suite à son divorce et qui s’est finalement jeté sous un train….

Un métier qui l’ennui, une petite amie sans charme ni saveur, bref Mike est un homme blasé et sans avenir à la vie insipide.

Un soir, dans un pub londonien, il fait la rencontre de Laura, une originale qui vit dans les beaux quartiers avec son richissime papa, Harry, avec qui elle entretient une relation plus qu’ambigüe. Harry est lui aussi un original. Passionné par Baudelaire, il entretient une vie décadente dans la droite lignée de son idole.

Ces deux rencontres vont bouleverser la vie de Mike et lui faire perdre tout sens commun. Il va se faire manipuler par Laura qui va lui demander de tuer ce père dérangeant…

Ken Bruen dresse ici le portrait d’une certaine Angleterre post-Thatcherienne. Dans ce cadre décadent aussi bien politiquement qu’au niveau de ses mœurs, on assiste à la déchéance de Mike Shaw qui va passer en l’espace de quelques semaines du statut de petit comptable inoffensif à celui de meurtrier dépourvu de sens moral.

Quant à Baudelaire, il est présent tout au long de ce polar mais en toute discrétion…


Mon avis : Ce livre est ma première rencontre avec Ken Bruen et il m’a totalement convaincu. Il s’agit d’un excellent polar qui se lit très vite et avec beaucoup de plaisir. Il faut dire que j’adore les anti-héros et Mike Shaw incarne à merveille ce rôle de looser. Les références à Baudelaire apportent une petite touche poétique à ce polar d’une noirceur infernale.

Ma note : **** 


Pour vous mettre l'eau à la bouche, voici la note de l'auteur en introduction du livre :
Lorsque j'ai écrit En effeuillant Baudelaire, au début des années 1990, Londres se remettait à peine des années Thatcher, l'ombre de la Dame de Fer planait encore sur la ville. S'il faut trouver un terme pour caractériser l'esprit qui dominait alors, "paranoïa" me paraît le mieux approprié. Les hommes d'argent, en particulier, vivaient dans la peur, encore étourdis par e crash des années 1980. Si on y ajoute l'effet de certaines drogues, on peut imaginer leur état de nervosité. Le prix de la cocaïne atteignait des sommet et l'argent... eh bien, l'argent était le moteur principal, comme dans la plupart des rencontres.
La criminalité en col blanc était le sujet des débats passionnés de certains dîners en ville. J'ai voulu explorer les réactions des gens avec un métier "sans risques", qui se seraient laissés séduire par les trois sirènes habituelles que sont : l'argent, le sexe, le pouvoir.
Prendre un comptable, par exemple, l'attirer dans les venelles du crime et observer sa réaction. Je voulais mesurer comment auraient résisté, à cette mise en cause de leur sécurité et de leur stabilité, les plus "passe muraille" de nos concitoyens. En ajoutant Baudelaire aux mailles du filet, on faisait pencher le plateau de la balance... il n'existe guère d'animaux plus dangereux qu'un anglais déstabilisé."

Tout est dit !

En effeuillant Baudelaire, de Ken Bruen
Chez Points, Roman noir
216 pages


lundi 23 novembre 2009

Le cirque plume, L'atelier du peintre


Bon je vais faire une petite entorse au principe de ce blog : je ne vais pas vous parler lecture ce soir.

J'ai plutôt envie de vous parler de cirque.

Oui je sais... Vous êtes déjà en train d'imaginer un "bon" vieux cirque avec ses clowns aux nez rouges dénués de sens comique, ses éléphants qui tournent en rond et ses tigres rachitiques qui n'ont plus rien de sauvage. Non, il va être ici question d'un tout autre genre de cirque, et croyez-moi, c'est une fille totalement réfractaire au cirque traditionnel qui vous parle !


Le Cirque Plume est une compagnie de "nouveau cirque", nouveau car leurs spectacles n'ont pas grand chose à voir avec le type de cirques décrit plus haut.

Cette compagnie, créée en 1984 fait figure de référence en la matière. Même si l'on y retrouve les numéros habituels de jonglerie et d'acrobatie, ceux-ci sont traités avec tellement de talent et de poésie qu'ils n'ont plus rien à voir avec ce que l'on connaît déjà.




Le dernier spectacle de cette compagnie s'intitule "L'atelier du peintre". On y voit les artistes évoluer dans un décor d'atelier de peintre. Les numéros s'enchaînent : jongleurs, acrobates, comédiens et musiciens nous emmènent chacun leur tour et avec tout le talent qui est le leur dans un univers poétique à l'esthétique très agréable.  Tour à tour les émotions se succèdent, on rit, on se questionne sur la peinture et sur  la vie d'artiste peintre, on s'ennuie mais juste quelques secondes. Sans oublier ces deux bout en train, espèces de clowns modernes, qui ponctuent le spectacle de leurs interventions hilarantes.





Le cirque plume, c'est au Parc de la Villette (espace chapiteau) jusqu'au 20 décembre.

A noter que le parc de la Villette propose en ce moment des tarifs promotionnels à 16 euros pour certains soirs et je ne peux que vous conseiller d'en profiter...



Le site du Parc de la Villette, avec toutes les informations pratiques.

vendredi 13 novembre 2009

Sur les pas de Truman capote


A noter, dans Le Monde Magazine (anciennement Le Monde 2) à paraître ce 14 novembre, un reportage sur les pas de Truman Capote de Jacques Colin, illustré par les photographies de Gabrielle Galimberti.


Le journaliste revient, soixante ans après, sur les pas de Capote dans la petite ville de Holcomb, Kansas, qui fut le théâtre de l’assassinat d’une famille de fermiers. Truman Capote avait alors enquêté sur ce fait divers et en avait tiré De sang froid, son œuvre la plus célèbre.

On y apprend notamment que dans la petite ville la tendance est à l’oubli. Le fait divers est en effet tabou, les habitants refusent de l’évoquer et la librairie de la ville se refuse même à vendre le livre. L’actuel shérif continue quand même à faire vivre cette histoire et a mis à la disposition du journaliste le dossier d’enquête.

La maison quant à elle est longtemps restée inhabitée. Elle est ensuite passée entre les mains de plusieurs propriétaires qui ont tenté de tirer profit de son triste passé. Elle est aujourd’hui encerclée par des barrières, afin d’empêcher les curieux de s’approcher.

Le reportage est agrémenté de plusieurs photographies des lieux mais également de clichés tirés du dossier judiciaire de l’époque. On y voit notamment la photo insoutenable du cadavre du fils de la famille. Une chronologie des évènements, du meurtre, en passant par les aveux jusqu’à la pendaison des deux meurtriers est proposée.


Le monde magazine
Numéro du samedi 14 novembre
Pages 36 à 40

jeudi 12 novembre 2009

L'année brouillard - Michelle Richmond


La première phrase : "Voici la vérité, voici ce que je sais : nous étions en train de marcher sur Ocean Beach, main dans la main".

Lors d'une matinée d'été embrumée, Abby se promène sur une plage de San Francisco avec Emma, la fille de son compagnon âgée de six ans. Photographe, elle profite de cette ballade pour faire des photos. Il n'aura suffit que d'une seule prise pour qu'Emma disparaisse soudain, sans laisser de trace.

Commencent alors les jours puis les mois de recherche acharnée (l'année brouillard) où tout un éventail de sentiments humains se succèdent : l'incrédulité, la culpabilité, la colère, la solitude puis le désespoir.

L'histoire est d'autant plus touchante qu'on la vit à travers le personnage d'Abby qui malgré la culpabilité ne va jamais cesser de se battre. Contre la distance de son compagnon, qui la voit comme celle qui a causé la disparition de son enfant, contre la police qui croit à une noyade, contre le retour de la mère biologique d'Emma qui en profite pour revendiquer la garde de la petite une fois qu'elle sera retrouvée et contre sa propre culpabilité

Onassiste ainsi, avec pudeur, à l'histoire de ce couple qui vitl'impensable, la pire épreuve qui soit pour des parents. On s'attacheau personnage de cette femme, sensible et courageuse, qui ne baisserajamais les bras.

Ce livre est en fait "cyclique" : on part du présent (l'après disparition) pour revenir vers le passé (proche d'abord avec les minutes qui ont précédées cette disparition mais aussi plus lointain avec l'enfance d'Abby, la genèse de son couple et son métier de photographe). Et tout ça s'enchaîne parfaitement bien.

 
Mon  avis : Mon avis sur ce roman est quand même partagé.

J'ai beaucoup apprécié la façon dont l'auteur nous relate cette histoire difficile, le style est très agréable à lire. On en vient même à se prendre d'empathie pour Abby, à ressentir les sentiments qui sont décris.

Néanmoins, quelques 200 pages en moins auraient été très salutaires. Le livre souffre en effet de quelques longueurs qui sont sans doute inévitable dans de tels romans d'introspection. On se retrouve parfois un peu perdu dans les états d'âmes (naturels me direz-vous) d'Abby.

La fin a aussi été un peu décevante. Je l'ai devinée dès le milieu du récit.

Mais je vous conseille quand même ce livre, écrit avec beaucoup de talent. Un livre très difficile mais qui fait vraiment du bien.


Ma note : ****


Morceaux choisis :
Voici donc l'erreur que j'ai commise, l'instant qui décida de mon plus grand échec. Si chacun de nous pouvait revenir sur une de ses décisions en échange de tout ce qu'il a, voici celle que je choisirais : une forme sur le sable attira mon  regard.
Maintenant Jake sort de la pièce, la tête baissée. Je touche son épaule au moment où nous nous croisons. Il sursaute comme s'il avait été piqué par un insecte, puis il lève vers moi ses yeux rouges et bouffis. Il lui faut faire un effort considérable pour avancer sa main vers moi, serrer mes doigts un instant.
Pour lui, je serai toujours et seulement celle qui a perdu Emma, non celle qui l’a retrouvée. Celle qui a détourné les yeux.

Si vous le souhaitez, vous pouvez lire les premières pages de L'année brouillard ici.


L'année Brouillard, de Michelle Richmond
508 pages
Chez Buchet Castel


dimanche 1 novembre 2009

Une vie de pintade à Paris - Layla Demay et Laure Watrin


On connait tous la réputation des français à l'étranger, à tel point qu'il semble difficile de faire pire. Et pourtant, les parisiennes l'ont fait !



Une vie de Pintade à Paris dresse le portrait des parisiennes, et aucune ne se trouve épargnée. Que ce soit la bobo de Saint Germain ou de Montmartre, la jeune maman épuisée par ses gosses, la modeuse qui coure les ventes privées, la cadre sup' de la Défense, la pouet pouet la la du XVIème et même la grand mère vipère, nous ne pouvons que nous reconnaître à un moment ou un autre de ce livre.



Mais plus qu'un simple portrait c'est d'une véritable étude de mœurs qu'il s'agit. Les deux auteures ont tenté de décrypter le comportement des parisiennes, sur un ton humoristique et sans porter de jugement (bien sûr puisqu'elles en sont !).



Le livre commence très bien, avec le passage qui m'a le plus parlé : 
" Tout étranger en visite à Paris a besoin d'une petite semaine pour s'adapter au rythme. Ici, on traverse au vert (pour les voitures), en dehors des clous, et on engueule les automobilistes qui auraient des velléités  vous céder le passage. On pousse quand on monte dans le bus et quand on descend du bus. On bouscule les gens dans la rue avec son sac, vous savez, le big bag sooo à la mode cette saison..."
Mais y il a ça aussi :
" Ce mal dont elle est affligée, ses voisines habitant en dehors de Paris appellent ça "le parisianisme" : au-delà du périph, point de salut. Comme disait Homéopatix dans Les Lauriers de César : "On ne peut vivre qu'à Lutèce, tu sais.  Le reste de la Gaule c'est bon pour les sangliers".
" Dans le métro, le principal problème des Parisiens, en dehors des grèves, c'est les Parisiens. Sous terre (et à l'air libre d'ailleurs), la Parisian attitude n'est pas exactement synonyme de civisme et de discipline. Il y a des gestes qui coûtent : laisses les autres sortir avant d'entrer dans la rame, se diriger ver sle fond [...] ou se lever de son strapontin quand il y a du monde."
Et c'est comme ça à chaque page !


Le livre regorge aussi de petites adresses et de bons plans que je vais m'empresser de tester.


Quand Livraddict m'a proposé un partenariat, je me suis jetée sur ce livre sans aucune hésitation. Je ne l'ai pas regretté car je me suis régalée. Je me suis bien sûr reconnue dans certaines descriptions et j'avoue que j'ai vraiment bien rigolé. J'ai passé un très bon moment en lisant ce livre et je vais le garder sous la main pour toutes les idées de sorties et les bons plans qu'il propose. 




En bref : un peu d'auto dérision et de second degré ça n'a jamais fait de mal à personne !


D'ailleurs le livre m'a fait penser à une certaine chanson... 

Mon avis : ****



Et merci à Livraddict et aux Editions du livre de poche pour ce partenariat !





Vous aimerez peut-être...

Related Posts with Thumbnails