vendredi 25 décembre 2009

La route - Comarc Mc Carthy


La première phrase : "Quand il se réveillait dans les bois dans l'obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l'enfant qui dormait à son côté".

Sans vouloir faire de la philosophie à deux balles, je crois qu'il existe plusieurs sortes de livres : ceux qu'on n'aime pas et qu'on ne se donnera même pas la peine de finir, ceux qu'on aime le temps d'une lecture mais qu'on oubliera sitôt le prochain entamé, ceux qu'on aime et dont on se souviendra et enfin ceux qui nous marquent à vie. Je dirais que La route appartient à cette dernière catégorie.

Et pourtant, j'ai dépassé les a priori que j'ai sur les romans "à prix" que je ne lis quasiment jamais... L'autre exception étant La conjuration des imbéciles de J.K. Tool, également prix Pulitzer.

Bref, trève de bavardages...


Ce dont il est question : Dans un monde dévasté par l'apocalypse, un père et son fils sont sur la route. Alors que la nature n'est plus qu'une étendue de cendre, de cadavres et d'arbres carbonisés, ils essaient de survivre, bravant la pluie, la neige et le froid. Face au pire, l'instinct de survie a transformé les quelques individus toujours en vie en cannibales. C'est donc des éléments déchaînés, le manque de tout et des humains revenus à leur nature primitive que devront affrontés ce père et ce fils.

Il sortit dans la lumière grise et s'arrêta et il vit l'espace d'un bref instant l'absolue vérité du monde. Le froid tournoyant sans répit autour de la terre intestat. L'implacable obscurité. Les chiens aveugles du soleil dans leur course. L'accablant vide noir de l'univers. Et quelque part deux animaux traqués tremblant comme des renards dans leur refuge. Du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour pleurer.

 Mon avis : Ce livre est aussi dépouillé que le monde post apocalyptique qui y est décrit. Pas de noms, pas de lieux, pas de précisions sur ce qui s'est passé, des dialogues réduit au strict minimum, une écriture d'une simplicité déconcertante. Et pourtant, on se laisse happer par ce vide, on finit même par en faire parti.

Le lecteur est bien trop souvent placé en position de passivité. Ici, on vit en même temps que ces deux personnages, on a peur pour eux, on espère et on est heureux des quelques petits plaisirs qu'ils rencontrent sur leur route.

Le livre est aussi porteur d'une vision manichéenne (et occidentale, voire carrément américaine) du monde : le bien contre le mal, les gentils (incarné par cet enfant, symbole même de l'innocence) contre les méchants (les cannibales). Si on peut le déplorer, ce n'est pas ça que l'on retiendra de ce livre. Pour ma part, je me souviendrais de la relation père/fils, qui dans le néant se trouve tout simplement sublimée et de l'espoir que je n'ai cessé de ressentir jusqu'à la dernière page.

Au final, ce livre, d'une noirceur absolue, est aussi le plus optimiste qu'il m'ait été donné de lire depuis bien longtemps.

Avec La route, j'ai découvert un très grand écrivain, qui (pour une fois) n'aura pas volé sa récompense. Prochaine étape : No country for old men...

Ma note : ***** (sur 4 !)

La route de Cormac McCarthy
Chez Points
252 pages



 
Ai-je besoin de vous rappeler que ce livre a fait l'objet d'une adaptation cinématographique par John Hillcoat avec Viggo Mortensen ? Pour ma part je ne l'ai pas encore vu, alors je vous invite à lire l'excellente critique de Bénédicte. C'est ici.









samedi 19 décembre 2009

Requiem d'automne - Brad Coleman


La première phrase : "Combien de fantômes traversent chaque nuit votre chambre ?". 

Avec une première phrase pareille, on peut dire que le ton est donné...

L'histoire : Jacques Dampierre est juge d'instruction. Psychorigide, avide de condamnations et paraplégique, il vit dans une grande demeure à l'écart de la ville en compagnie de Muriel son aide soignante sourde et muette. 

Sa maison est le théâtre d'étranges manifestations : pleurs d'enfants et bruits en tout genre en plein milieu de la nuit, apparition d'une silhouette masculine sans visage... Au début, en bon juriste qui se respecte, il ne peut que réfuter tout intervention surnaturelle, pensant plutôt à un ancien "client" qui en aurait après lui.

Et pourtant les phénomènes vont s'amplifier à tel point que sa vie va se retrouver en danger. Terrifié, il va alors faire appel à Henri Laborde, ex-commissaire et ami, pour lui demander d'apporter une réponse à cette question : qui des vivants ou des morts sont les plus à craindre ? 

Mon avis : Les phénomènes paranormaux m'ont toujours intrigué, voire fasciné (même si à ce jour je n'ai jamais aperçu le moindre fantôme traverser ma chambre...). C'est donc avec une grande excitation que je me suis attelée à la lecture de ce livre. Dès la "lettre au lecteur" au tout début du bouquin, le ton est donné : il sera question de fantômes...

Ce livre est un excellent thriller qui m'a tenu en haleine de la première à la dernière page, une soirée m'aura d'ailleurs suffit pour en venir à bout. Certains passages ont vraiment réussi à me faire peur. Le suspense est tel qu'on s'y croirait presque. Une fois ouvert je n'ai pas réussi à refermer le livre avant de l'avoir terminé. L'auteur sème ça et là de petits indices, au final, j'ai bizarrement eu l'impression de participer moi aussi à la résolution de l'énigme.

Je pense que ce livre est encore plus prenant lorsque l'on croit (comme moi) au paranormal...

Vous l'aurez compris, je ne peux que vous conseiller ce très bon livre idéal pour cette période hivernale. A déguster le soir, sous la couette, accompagné pour les plus fragiles d'entre vous !

Bon puisque la perfection n'existe pas, j'aurais toute de même deux bémols à apporter :   
Quelques hérésies juridiques, qui ne choqueront d'ailleurs que les lecteurs juristes. L'auteur s'en excuse d'ailleurs et nous rappelle très justement que personne n'a jamais reproché à Shakespeare d'avoir fait sonner une horloge dans Jules César...
Une hérésie de la langue française : un "pallier à", que je ne saurais tolérer ! Je plaisante bien entendu.

Ma note : ****

Requiem d'automne de Brad Coleman
Chez Kyklos éditions
334 pages


Ce livre a été lu dans le cadre d'un partenariat avec Livraddict et les éditions Kyklos (une vrai découverte dont je suivrai désormais les parutions). Merci à eux !




vendredi 11 décembre 2009

Swing Mineur - José Louis Bocquet


La première phrase : "Ils étaient quatre, des lascars de la rue de Strasbourg, on disait que c'étaient des gitans".

K est le patron d'un petit label underground parisien. Pour K, "le show biz est une valse à trois temps. On lèche, on lâche, on lynche". Cette phrase résume à elle seule l'idée de ce livre : raconter en trois temps (et trois mouvements) la vie de Monsieur K.

Trois temps car il est ici relaté trois périodes de la vie de K. Trois mouvements car son portrait est tiré sous trois angles différents :

Celui d'un jeune de banlieue qui réussi à conduire son pote rappeur (Ra-sheed) au succès jusqu'à la case prison, grosse tête et argent obligent...

Celui d'un autre jeune de banlieue qui deviendra un peu par hasard l'assistant de K et qui va lui faire gagner une coquette somme en découvrant une bande de rockeur bretons connus pour leur reprise des "Chapeaux ronds" version rock,

Enfin celui du fils de K, jeune mec un peu raté qui faute de mieux va bosser avec son père et découvrir un groupe de baby rockers.


Mon avis : Quand j'ai lu le pitch de ce livre lorsque le partenariat a été proposé sur Livraddict j'ai été immédiatement intriguée voire emballée. Le fait que ce bouquin ait un lien avec l'industrie musicale underground n'y était sans doute pas pour rien.

En revanche, j'aurais bien du mal à vous en parler plus en profondeur car je n'ai pas vraiment réussi à trouver un intérêt à ce livre. En lisant la quatrième de couverture, on s'attend naturellement à faire la connaissance d'un personnage subversif et amoral à la vie débridée qu'on va se plaire à détester et malheureusement, je n'ai pas vraiment réussi à ressentir quoi que ce soit pour ce personnage qui n'a rien d'intéressant.

Descriptif... C'est le seul mot que je trouve pour décrire ce livre. L'idée était pourtant excellente.

Quant à la fin... quelle déception. Si le roman commence dans la violence, il fini un peu dans le mélo et c'est vraiment dommage.

Je ne dirais pas que j'ai passé un agréable moment de lecture, mais certaines choses m'ont convaincu de mener ma lecture à son terme. J'ai apprécié l'humour de l'auteur et son écriture plutôt fluide, j'ai d'ailleurs fini le livre très rapidement. J'ai également aimé l'idée de parsemer son récit de paroles de chansons et de lister dans une playlist à la fin du livre les artistes qui les interprètent. Mais malheureusement ça s'arrête là.

Ma note : ****

Swing mineur de José Louis Boquet
Chez les éditions de La Table Ronde
217 pages


Ce livre a été lu dans le cadre d'un partenariat avec Livraddict et les éditions de la Table Ronde, que je remercie !




vendredi 4 décembre 2009

Lili Klondike* T.1 - Mylène Gilbert-Dumas

Aujourd'hui je laisse la plume (enfin le clavier plutôt) à mon amie Agnès exilée au pays des Caribous. Elle interviendra sur ce blog pour nous parler de ses lectures canadiennes. Une occasion pour nous de découvrir des auteurs inconnus en France.

* Le Klondike est une rivière canadienne, dans le Territoire du Yukon (près de l’Alaska). La Ruée vers l’or du Klondike de 1897-1898 fut la plus importante ruée vers l’or de toute l’histoire et fut décrite comme « la dernière grande aventure ».

 


La première phrase : « Portland, Maine, fin de juin 1897 »


En Amérique du Nord à la fin du XIXe siècle, deux jeunes canadiennes françaises Liliane et Rosalie s’engagent dans la ruée vers l’or. Toutes deux se lancent, sur un coup de tête, dans l’aventure pour échapper à leur condition. L’une est domestique, l’autre est condamnée à mener la vie difficile d’une mère de famille nombreuse.

Leur route vers l’ouest, très exaltante au début va s’avérer plus difficile que ce qu’elles l’avaient envisagé. La rudesse de la piste, le froid, l’isolement, la solitude, l’égoïsme voire la violence des hommes rencontrés sur la route ne réussiront cependant pas à entamer leur détermination.



Mon avis : En refermant ce Tome 1 de « Lili Klondike », je n’ai pas tout de suite eu envie de me jeter sur le Tome 2, parce que j’étais un peu déçue par la fin abrupte de cette première partie.

Je dois néanmoins avouer que le suspense qui se crée au bout de quelques chapitres, fait que l’on se retrouve pris dans l’histoire, attaché aux deux Lili et dans l’incapacité totale de lâcher le livre pour savoir si elles arrivent à bon port ou pas. En prime, le récit étant bien documenté on apprend plein de choses sur les conditions de vie (plus de survie en réalité) des pionniers du Yukon.

Une chose a cependant un peu dérangé ma lecture. L’auteur mène en parallèle (comme leur cheminement sur les deux pistes qui mènent au Yukon) l’avancée des deux personnages d’un chapitre sur l’autre et les chapitres étant assez courts on reste un peu sur sa faim à chaque fois que l’on en termine un.

Au final, pour mon deuxième roman « québécois » (après « La fille du Pasteur Cullen » chez JCL, dont il est un peu difficile de parler étant donné qu’il fait un bon 1000 pages et que ce n’est que le tome 1), le bilan est plus que positif… Je pense même attaquer le Tome 2 dès que possible.

Ma note : ****

Lili Klondike Tome 1, de Mylène Gilbert-Dumas
(Les tomes 2 et 3 sont déjà parus chez le même éditeur)
Chez V.L.B éditeur

jeudi 3 décembre 2009

La femme du monstre - Jacques Expert


La première phrase : "Samedi, 8h16."

Mariée à 22 ans à un homme beau et charismatique qui lui a fait deux enfants, elle ne pensait pas que, 16 ans plus tard, la police sonnerait un matin chez eux pour emmener Simon suspecté d’avoir violé et tué une jeune fille du quartier…

Voilà un thriller original où, plutôt que de céder à la facilité et de raconter ce meurtre abjecte, l’auteur va prendre le parti de raconter cette tragédie d’un angle souvent oublié dans ce genre d’affaire : la femme du meurtrier.

La narratrice (la femme du monstre) nous relate l’histoire de son couple, de leur rencontre à ce fameux samedi, 8h16 où son mari a quitté la maison pour la dernière fois, en passant par le procès, deux années plus tard.


Mon avis : Au départ pris de pitié pour cette femme un peu naïve, manipulée et humiliée, qui croyait avoir rencontré son prince charmant, on fini par être franchement énervé par cette idiote carrément simplette qui n’a rien vu venir.

Pourtant, tout au long des seize années de mariage, les éléments troublants se sont succédés : la brouille de Simon et de son meilleur ami dont la petite amie avait accusée Simon de l’avoir violée, les multiples accusations de harcèlement sexuel dans le cadre de son travail, les déménagements à répétition et même ces affaires de viols sur des jeunes filles qui les suivent dans toute la France.

En fait, dans ce roman, le voyeurisme n’est pas là où on l’attend (dans le meurtre qui n’est presque pas décrit) mais plutôt dans l’intimité de ce couple. Simon Darget se révèle être un véritable malade mental dont la vision des femmes a été mise à mal par une mère aux mœurs douteuses et qui se plaît à les humilier, sa femme la première.

En tant que femme on ne peut s’empêcher de se mettre dans la tête de son épouse et de se dire « mais comment elle peut supporter ça et nier à ce point l’évidence ? ». A tel point que ça en devient vraiment énervant. Je n’ai pas été capable d’aller au delà de mon incompréhension pour cette femme bafouée qui continu d’appeler son ex-mari « mon Simon » malgré tout ce qu’elle a pu subir et qui lui cherche des excuses sans arrêt. Au final, on comprend qu’elle était autant dérangée que lui, mais dans un autre genre…

Bref, ce livre dépeint une vision des femmes un peu déplorable qui malheureusement doit bien avoir son petit côté de vérité puisque l’auteur était un journaliste spécialisé dans les faits divers (aujourd’hui directeur des programmes de la chaîne Paris Première) et qu’il s’est intéressé à ces femmes pendant de nombreuses années


Vous l’aurez donc compris je suis très mitigée sur ce livre à l’histoire et au parti pris très intéressants mais dont la personnalité pitoyable du personnage principal rend la lecture légèrement anxiogène…


Ma note : ****


Pour aller plus loin : J’ai trouvé cette petite interview de Jacques Expert donnée à l’occasion de l’affaire Joseph Fritzl, il y parle notamment de la femme de Fritzl qui ne s’est doutée de rien pendant des années. Pour la lire, c’est ici.


La femme du Monstre de Jacques Expert
Chez Le Livre de Poche, Thrillers
217 pages

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